A côté de la plaque; Groupe D: chorégraphie, agonie et poésie

Les journaux anglais prennent espoir, les tribunes sont une merveilleuse piste de danse et Ibrahimovic est un cas unique!

• Le Groupe D vu par les Anglais

Angleterre/Suède : 3-2

Les journaux anglais se montrent plutôt satisfaits devant le performance mi-folie mi-raison des troupes de sa gracieuse majesté. Si The Sun adopte un ton plutôt mesuré : « Le manager Roy Hodgson a accueilli la victoire comme s'il avait gagné la compétition et pourtant il savait que l'histoire aurait pu être bien différente. »;  The Independent s'est pris d'amour pour la compétition grâce à ce match : « Dans le meilleur tournoi depuis des décennies, l'Angleterre s'est joint à la fête » .
The Guardian part quant à lui dans les cieux en abandonnant le flegme typiquement britannique et en flirtant avec le craquage de slip. « L’Angleterre n'a pas juste gagné, ils (NDLR :les joueurs) l'ont fait d'une manière qui a illuminé ce tournoi et montré qu'ils étaient capables d'enthousiasmer au lieu d'être simplement une équipe fonctionnelle ». Arghh ! The Times, les yeux humides, admire lui la grinta britannique: « Tellement typique d'arracher la victoire des dents de la défaite »

Et au milieu saute une montagne

Dès jeudi, The Independent avait tiré un constat glacial que le déroulement d'Angleterre-Suède n'a absolument pas remis en cause : « Même si ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde, si les Trois Lions veulent faire quelque chose durant les trois prochaines semaines, alors se regrouper derrière avec deux lignes de quatre est sûrement la meilleure façon d'avancer. » . Si cela ne ressemble pas à la promesse de reformer le Mur de la Manche, contemplé pendant quatre-vingt-dix minutes par les Français, nous ne savons pas à quoi cela ressemble...


Ukraine/France : 0-2

Impayable, The Sun, retient en premier lieu les bienfaits pour la couronne du match de la France. « La France, en chantant sous la pluie à Donetsk, a donné à l'Angleterre un énorme rayon de soleil ».

Pour The Independent, très neutre, la victoire française est méritée. « Jeremy Menez et Yohan Cabaye, avec son premier but international, ont mis fin à la résistance de leurs hôtes après presque une heure de domination stérile. »

The Guardian penche plus nettement du côté francophile et entrevoie même un début d'aventure. « Il y a un but, une concentration, une unité dans l'équipe que Blanc a construit, qui montrent combien ils veulent se focaliser sur le futur et tourner le dos aux histoires du passé. »

• Entre les gouttes

Les trombes d'eau ont permis d'admirer des scénettes empruntes de passion :

L'orage qui pétrifia Christophe Josse

- Passion pour la danse avec le concours de danse folklorique de supporteurs qui a duré une heure entre écharpe sur la tête, brasse coulée, déhanchement drapeau au vent et transe les yeux fermés.
- Passion pour le corps quant à 18h43, la caméra braque son objectif sur les varices du jardinier... un moment rare d'observation du vivant.
- Passion entre coéquipiers : Tymoshchuk et Ribéry, nous ont offert un moment d'intense complicité masculine. L'Ukrainien, le bras appuyé contre le mur, et le Français, adossé au même mur, yeux câlins, ces deux-là s'apprécient visiblement...

• Les Vikings sortent en combattants

Les Vikings suédois quittent la compétition, terrassés part les Three Lions après un hommage d'une heure et demi aux matches virils. Ils partent avec leur intensité à faire pâlir d'envie un prof de Zumba et leurs passes de débutants. C'est la fin du foot à l'ancienne, des tacles de Melberg et des toiles sur les dégagements.

Et surtout plus d'Ibrahimovic...

• Ode à Ibra

Attention! Ibra méchant!

Ibra,

Hier, sur le terrain, avec ton regard à la Seagal
Tu emplissais d'effroi les Anglais bien pâles
Apeurés, ils n'osèrent s'approcher de toi
Quand avec la balle tu marchais droit
Le caïd du terrain, tu étais c'est certain
A tes côtés, ils n'étaient que des gamins
Ils tremblaient devant tes coups d'épaules dévastateurs
Et ta tentative de ciseau digne de Kickboxer
Après le but de l'égalisation, pendant les embrassades
Hart tout penaud encaissa tes verbales ruades
Ibra, hier, en te regardant nous nous sommes dits
Ce gars est un génie mais aussi un abruti !

• Plus de Titi non plus...

Il est parti après une victoire de la France, ce Thierry Roland qui aimait tant le foot français quitte à tenir des propos plus que limites. Le café du comptoir televisuel a fermé mais restera toujours sa phrase de 1998 : "Je crois qu'après avoir vu ça, on peut mourir tranquille !(...)Ah ! c'est superbe ! Quel pied ! Oh putain !»

So long cow-boy!

A part ça, la France a gagné son premier match depuis 2006 en grande compétition.


Erwan Berthou