samedi 9 juin 2012

Euro 2012: l'épopée tchèque ou une vision du futur!

Des bas fonds de Wroclaw au sommet de l'Olympe, la formidable épopée tchèque a connu un incroyable dénouement avec sa victoire 5 à 4 contre les guerriers grecs.

 

La pelouse où l'épopée tchèque connut son apogée

Hier soir, en finale de l'Euro 2012, la Grèce et la République Tchèque, les deux meilleures équipes de la compétition, ne voulaient pas se quitter après quatre-vingt-dix minutes (3-3). Du coup, elles prolongèrent le plaisir durant trente minutes, ponctuées de trois nouveaux buts, pour le plus grand plaisir des 70 000 personnes massées dans le Stade Olympique de Kiev. L'Euro 2012, qui restera dans les annales comme le plus prolifique de l'histoire avec 102 buts marqués contre 85 buts pour la précédente édition record en 2000, s'est conclu par la plus incroyable des finales entre deux équipes que personne n'imaginait à pareille fête après le premier match.

Les Tchèques leur feront payer!

A chaque compétition, un groupe reçoit la terrible appellation de "groupe de la mort" car le sang a depuis des temps immémoriaux excité la foule. La poule B endossa ce nom et quelle supercherie ce fut! Au comble du ridicule, les Pays-Bas et l'Allemagne, deux des favoris de l'Euro, furent terrassés presque sans combattre par les Portugais et les prolifiques Danois, auteurs de 8 buts durant cette première phase. Malheureusement pour nos amis Portugais et Danois, leurs routes ont croisé, dès les quarts, celles des deux terreurs du véritable groupe où la mort a accompli son méfait...

"Rira bien qui rira le dernier..." M. Bilek

Après le premier match de ce groupe A, la peau des Tchèques, étrillés 4 buts à 1 par les Russes, ne valait pas les zlotys nécessaires à l'obtention d'une vodka de troisième catégorie dans un rade de Varsovie. La République Tchèque était aux abois, transpercée au cœur de sa défense par les flèches russes: Dzagoev (par deux fois), le revenant Pavlyuchenko, qui avait tant brillé en 2008, et Shirokov . La mort dans l'âme, toujours elle, le sélectionneur Michal Bilek reconnaissait la supériorité russe. " Leurs combinaisons nous ont posé beaucoup de problèmes, avec leur jeu à une touche, on n'arrivait pas à avoir le ballon." Mais, celui que, depuis deux semaines, l'Europe entière appelle le wróżbita (le devin en polonais) entrevoyait déjà le chemin de la renaissance tchèque. "Maintenant, nous devons montrer notre mental, je crois toujours que nous pouvons nous qualifier."

Les Tchèques les matent!

Ces paroles prophétiques se réalisèrent dès le combat suivant contre... les Grecs, dans une fantastique répétition du feu d'artifice d'hier. Baros, si décevant lors du premier match, abattit la foudre sur les Hellènes... par trois fois en première période (12e, 24e, 39e) ! La muraille de Grèce s'effondrait définitivement quand le canonnier Rosicky sortit lui aussi de sa torpeur pour planter deux coups de canon des vingt-cinq mètres (62e, 75e). Dos au mur, le sélectionneur grec Santos déboulonna la statue à la gloire du dieu défense et opta pour un 3-2-5. Le changement opéré fut éclatant et la Grèce perça les filets à trois reprises en cinq minutes ( 82e, 86e, 87e) pour finalement s'incliner 5 à 3 contre leurs futurs bourreaux en finale.

Un dieu à visage humain

La suite du chemin tchéque fut tout aussi étonnant. Lors du dernier match du groupe, les hommes de Bilek passèrent cinq nouveaux pions à des Polonais déconfits (0-5). Ils renvoyèrent ainsi leurs hôtes, chez eux, à moindre frais, à coups de billets de train et de courses de taxi . En quart, les Lusitaniens de Cristiano subirent la loi des hommes du wróżbita qui avait prédit le score au penalty près. "Mes joueurs se sentent invincibles et je ne peux les contredire. Malgré Ronaldo et ses plongeons qui pourraient bien nous coûter deux penalties, je nous vois triompher trois buts à deux malgré l'entorse de Cech sur un dégagement aux poings manqué". Entre l'aura divine du sélectionneur et la fougue des joueurs, l'Europe sombrait dans une folle adoration du onze slave.

Et Ben Arfa tacla...

En demi-finale, le scepticisme de Bilek à l'encontre de son adversaire fut encore une fois parole d'évangile. "Aussi talentueuse soit-elle, la France mourra par ses individualités!" A la 90e, le tacle de Ben Arfa sur un Menez filant défier l’éclopé Cech conforta le sélectionneur dans ses certitudes. Malgré un triplé de Benzema, la France s'inclinait 4 à 3 subissant, comme d'autres, le talent de Baros, le taureau d'Ostrava, et la jalousie carabinée de Benêt Arfa.

En finale, les Tchèques retrouvèrent des Grecs qui avaient survécu : à la furia tchèque (3-5) et aux arbitres (un pénalty oublié, une expulsion sévère et un but injustement refusé lors du premier match contre la Pologne). Les Héllènes furent également durement touchés par la tristement célèbre crise greque...avec le départ de Samaras, le guerrier d'Heraklion. Il fut exclu vers sa Crète natale faute d'avoir pu payer la pita à ses coéquipier après un pari stupide. Il avait cru bon de défier ses partenaires en jurant sur tous les dieux de l'Olympe que Menez serait capable de faire deux passes dans un match. Le Parisien, auteur d'une passe à Diarra, pour ne pas la passer à Nasri en bonne position, avait précipité le destin du chevelu au grand cœur.

Pourquoi as-tu pu parier sur Ménez? Pourquoi !!!??

Balayés Danois et Ukrainiens, respectivement en quart et demi-finale, les élus de Zeus ne rendaient finalement les armes qu'à l'ultime minute des prolongations sur une tête plongeante de Cech. Les calomniateurs du style défensif grec en étaient pour leur compte. La Grèce, la flamboyante péninsule, a affolé les observateurs par son jeu alerte, et ses savants petits ballons piqués par-dessus la défense.

Bien plus qu'en 2004, elle aurait mérité de triompher dans cet Euro de toutes les surprises mais c'était sans compter avec la République Tchèque: le plus beau onze de l'Europe en 2012. 


Le Brésil peut trembler d'effroi, on ne voit pas comment le traumatisme de 1950 ne se reproduirait pas en 2014 tant le niveau atteint par la République Tchèque la place au-dessus de tous ses rivaux présents et futurs pour les cinq années à venir.

A part ça, rien à ajouter! 


Erwan Berthou

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