jeudi 7 juin 2012

Euro/Coupe du monde: le débat

"L'Euro : c'est plus dur que la Coupe du monde !". 


Ce lieu commun de discussions de comptoir se répand comme une traînée de poudre tous les quatre ans. L’Europe serait une conquête moins facile que le monde. Des acteurs majeurs du football l'ont déclaré dernièrement ; Lolo le blanc et Xaxa (prononcez Chacha) le roja l'ont chacun affirmé ces dernières semaines à la presse. Du coup, un débat s'impose. A vos thèmes, prêts, partez !


  • Les Statistiques : avantage Coupe du monde

Quelle est belle!

Comme le dit si bien Thomas dans Génial mes Parents divorcent, le chef d’œuvre international de Patrick Braoudé : " les statistiques ça ne se trompe jamais !". Et que disent-ils ces chiffres ?

Sur la ligne de départ, chaque équipe a une chance sur seize de remporter l'euro contre seulement une chance sur 32 pour la compétition mondiale. Une nation européenne a donc deux fois plus de probabilité de triompher lors de la compétition continentale sachant qu'il est également plus facile de s'y qualifier puisque seize billets d'avion ont été offerts cette année pour le voyage en Ukraine et en Pologne contre seulement treize tickets pour le prochain séjour au Brésil.

Si on poussait le bouchon jusqu'à une certaine absolue mauvaise foie, on dirait que 100% des vainqueurs de l'Euro sont Européens contre seulement 52,36% pour le mondial mais nous nous garderons bien de plagier le Loto.


  • La densité : avantage Euro

Mettre en avant la plus grande densité de bonnes équipes et de potentiels vainqueurs à l'Euro est le principal argument des défenseurs de cette compétition. Attention ! Pas ceux qui cassent les tibias mais ceux qui, comme Laurent Blanc et Xavi, préparent déjà le terrain pour une défaite logique en raison de la complexité du championnat d'Europe...

Un regard tourné vers la victoire...Tu choisis quoi Lolo : la Coupe du monde ou l'Euro?

"En Coupe du Monde, avec tous mes respects (à ces nations), on peut se retrouver face au Honduras ou  à l'Arabie saoudite. A l'Euro, n'importe quelle équipe est capable de vous battre" a déclaré Xavi dans El Pais . Ah ! Voyez ce fier Catalan qui n'entrevoit pas sa prochaine défaite contre le Honduras, toujours en course dans les qualification de la zone Concacaf, au premier tour du mondial brésilien. Heureusement pour lui, l'Arabie Saoudite a déjà rendu les armes mais c'est pour manger plus froidement sa vengeance en 2018 !

L'assaut de railleries n'y fait rien puisque le génial Espagnol a reçu l'appui du Président français : Laurent Blanc. Dans une allocution télévisuelle sur Eurosport, le sélectionneur de notre belle nation a affirmé peu ou proue la même chose. Pour lui, le gratin européen équivaut quasiment au gratin mondial et il est bien plus dur de sortir des poules à l'Euro.

En affirmant cela, il ne faut pas trop longtemps se retourner sur la débâcle de 2010. Les Français n'avaient pas eu de chance au tirage ; ils étaient tombés dans une poule avec une grosse densité européenne : Méxique, Afrique du Sud et Uruguay...


De manière générale, il n'existe pas de match facile dans un Euro car les nations les plus faibles comme la Grèce ou la Suisse ont bien assimilé le catenaccio contrairement aux quelques novices qui arrivent à chaque nouvelle édition de la Coupe du monde ; les Nord-corréens, victimes de la furia portugaise (7-0), acquiesceront. Ce type de score n'a plus lieu sur le continent européen puisque la plus grosse défaite de l'Euro 2008 est à mettre à l'actif, conjointement, de la Russie et (zut!) de la France  (1-4)!


  • Le nom des vainqueurs : avantage Coupe du monde

Jouer une Coupe du monde, c'est immanquablement devoir se coltiner le Brésil. Gagner cette compétition va de pair avec accomplir l'exploit, ou compter sur le dévouement d'une autre nation, de sortir la sélection dotée d'un intarissable réservoir de joueurs fantastiques. Il est vrai que, lors de certaines éditions, les petits Brésiliens se perdent eux-même dans leurs dribbles mais leur palmarès parle pour eux. Avec leurs cinq titres et leurs techniciens, les Auriverdes font chaque fois planer leur ombre inquiétante sur les nations européennes.

-T'as déjà gagné un Euro toi ? -Bah non... tu danses?

Dans une moindre mesure, surtout ces dernières années, les brillants et fougueux Argentins, récompensés à deux reprises, sont aussi des favoris en puissance à l'aube de chaque compétition mondiale.

Ces deux nations qui collectionnent sept des dix-neuf titres mondiaux font peser la balance de ce débat du côté de la Coupe du monde. Désolé pour le retour des statistiques mais ces chiffres sont d’indécrottables compagnons d'analyse qu'il est parfois dur d'abandonner sur le coin d'une route.

Malheureusement pour l'Euro, la Grèce et le Danemark ne rééquilibrent pas le débat. Aucune considération politique n'entre en jeu au moment de taper sur les Hellènes. La nation de Socrates a sa place dans l'Union Européenne. Pour ce qui est de l'Euro, la réponse est moins certaine ! Sa victoire en 2004, grâce à une défense acharnée et une belle réussite sur les coups de pieds arrêtés, a fait mal au beau jeu et à la renommée de l'Euro. Au mondial, les Grecques n'ont jamais bombé le torse et remercions les nations du monde pour cela !

La Grèce peut-elle remporter une Coupe du monde ? Poser la question, c'est déjà emprunter le chemin vers l'évidence.


Cette question (et cette réponse) vaut pour le Danemark, qui triompha sur la compétition continentale en 1992 alors même que son joueur emblématique, Michael Laudrup avait décliné l'invitation. Emmenés par Brian, le petit frère pas maladroit et Schmeichel, le grand goal venu du froid, les Danois profitèrent du format à huit équipes, d'un soupçon de réussite aux penalties et d'un certain talent quand même pour s'imposer à la surprise générale. Comme la Grèce, sitôt l'Euro achevé, le Danemark regagna fissa sa place, celle d'un non prétendant à la victoire en Coupe du monde, en ne se qualifiant pas pour la World Cup made in USA en 1994...comme la France, on sait, mais on le tait car la plaie n'est toujours pas refermée.


  • L'histoire : avantage Euro

Mais qui se cache sur cette photo?

Un formidable dénouement historique vient gâcher la victoire annoncée de la Coupe du monde sur l'Euro dans ce débat primordial : "qui qui n'est le plus dur !" Les deux dernières éditions du mondial ont marqué une certaine domination européenne avec deux podiums 100% bleu étoilé de jaune et, respectivement, quatre et trois demi-finalistes en 2006 et 2010. Et revoilà, les stats qui s'en mêlent !

Lors de l'enchaînement 2006-2010, pour la première fois depuis le doublé brésilien en 1958 et 1962, l'alternance entre vainqueurs sud-américains et européens n'a pas été respectée. La mode actuelle, impulsée par l'Espagne et l'Allemagne, est au un jeu de possession bien huilé, efficace offensivement et qui prive l'adversaire de munitions. Dans ce domaine, les nations sud-américaines sont à la traîne. Le putsch européen a-t-il eu lieu ? 2014 le confirmera ou l'infirmera mais la victoire de l'Italie contre un adversaire inconnu et le triomphe espagnol marquent une tendance à l'union de l'Europe dans la victoire !


  • Bilan

Cette dernière tendance avec l'Allemagne et l'Espagne en figures de proue laisse présager un Euro effectivement très dur à gagner...comme l'est tout autant une Coupe du monde !

Score final de parité: 2-2. Il va falloir jouer les prolongations dans ce débat et quelque chose nous dit qu'on est pas près d'en voir le bout.


A part ça, rien.


Erwan Berthou

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